
UNGARO
Ungaro : l’élégance baroque d’un grand nom de la mode
Une histoire née de la passion et du style
La maison Emanuel Ungaro est fondée à Paris en 1965 par le couturier Emanuel Ungaro, né en 1933 à Aix-en-Provence dans une famille d’immigrés italiens. Très tôt formé à la couture par son père tailleur, le jeune Ungaro se forge un goût prononcé pour les matières nobles et les contrastes. Après un passage chez Cristóbal Balenciaga, puis Courrèges, il lance sa propre maison de couture au 2 avenue Montaigne, au cœur du triangle d’or parisien.

Dès ses débuts, Ungaro se distingue par un style sensuel, exubérant et raffiné, caractérisé par des imprimés audacieux, des drapés sophistiqués et une palette de couleurs vives. Ses collections captivent les femmes modernes des années 70 et 80, à la fois élégantes et affirmées. La maison devient rapidement un symbole du glamour à la française, habillant des icônes telles que Jacqueline Kennedy, Catherine Deneuve ou encore Madonna.
Une philosophie du contraste maîtrisé
La philosophie de la marque Ungaro repose sur un jeu de tensions : entre structure et fluidité, classicisme et provocation, discrétion et ostentation. Emanuel Ungaro a toujours défendu une vision féminine et théâtrale de la mode, où le vêtement doit être à la fois une parure et une déclaration. La maison prône une esthétique baroque, foisonnante mais toujours élégante.

La femme Ungaro est sensuelle sans être vulgaire, libre sans être négligée. La maison cultive l’idée que l’habillement est un langage, un moyen d’exprimer la force intérieure par le biais d’un luxe coloré et expressif. La haute couture y est conçue comme une mise en scène de la beauté, avec une attention extrême portée aux détails et aux tissus.
Un positionnement fragilisé, entre prestige et repositionnement
Longtemps emblématique du luxe à la française, la maison Ungaro a connu des difficultés de gouvernance et d’identité après le départ d’Emanuel Ungaro en 2004. Plusieurs directeurs artistiques se sont succédé (notamment Esteban Cortázar, Giles Deacon ou Fausto Puglisi), sans parvenir à redonner une cohérence forte à la marque. Des collaborations contestées, comme celle avec Lindsay Lohan en 2009, ont brouillé l’image de la maison.

Aujourd’hui, Ungaro est encore présent dans l’univers du prêt-à-porter, des parfums (notamment avec des licences à succès comme « Diva » ou « La Femme »), mais reste discret dans le cercle restreint de la haute couture. La marque est perçue comme un héritage du luxe, avec un riche passé, mais une présence actuelle moins affirmée comparée à ses grandes rivales (Dior, Chanel, Saint Laurent…).
Perspectives d’avenir : une renaissance possible ?
Le potentiel de renaissance d’Ungaro repose sur plusieurs leviers :
- Revalorisation de l’ADN historique de la marque : retour à l’esprit audacieux, sensuel et coloré des années 70-80, avec une narration claire et un stylisme cohérent.
- Rajeunissement de la cible : en s’adressant à une clientèle plus jeune à travers des lignes capsules, du digital et une communication contemporaine sur les réseaux sociaux.
- Montée en gamme maîtrisée : repositionner Ungaro comme une maison de création authentique dans le prêt-à-porter luxe, voire revenir en haute couture, avec une direction artistique forte et stable.
- Développement international, notamment sur les marchés du Moyen-Orient et de l’Asie, où le goût pour l’ornementation et la richesse stylistique est fort.

Si la maison parvient à renouer avec la créativité flamboyante qui a fait sa renommée tout en s’adaptant aux nouvelles attentes des consommateurs (durabilité, inclusivité, digitalisation), Ungaro peut retrouver une place de choix dans le paysage du luxe international.
Conclusion

Ungaro est une marque au patrimoine riche, symbole d’un luxe flamboyant et sensuel à la française. Si son rayonnement s’est amoindri au fil des années, son nom conserve un fort pouvoir évocateur. À condition d’un repositionnement audacieux et cohérent, la maison Ungaro a les atouts pour redevenir une référence incontournable de la mode contemporaine, fidèle à son mantra : « l’élégance du contraste ».

